Photos Julien Pitinome, Jérémy Paoloni, , Nicolas Lee – ENCRAGE –  novembre 2021 / Côte d’Opale

Texte Jérémy Paoloni

 

« La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière«  a assuré Emmanuel Macron après la mort, ce 24 Novembre 2021, de 27 réfugiés lors d’une traversée de la Manche afin d’atteindre l’Angleterre. Le naufrage de cette embarcation est le plus meurtrier jamais observé dans la région. Depuis le début de l’année 2021, les chiffres explosent, on recense plus de 31 500 tentatives de traversée. Après le démantèlement de la « jungle » de Grande-Synthe il y a près de deux semaines, la situation dans le Calaisis et sur les plages de la Côte d’Opale est de plus en plus critique à l’approche de l’hiver.

 

 

 

 

 

Depuis le démantèlement de la jungle de Calais en 2016, peu de choses ont changé. Bien que « le plus grand bidonville d’Europe » n’existe plus, plusieurs campements ont vu le jour dans le « Calaisis ». A l’instar de celui de Grande-Synthe, récemment évacué sur ordre du Ministre de l’Intérieur, où survivaient plus d’un millier de personnes. Dans ces camps, le quotidien des réfugiés est rythmé par des expulsions, des tentes lacérées et des affaires confisquées. Une pression policière et administrative permanente est exercée sur les associations. Les autorités bloquent les accès à ces camps et toute forme de solidarité en installant des murs de terre et de pierres.

 

 

 

 

 

 

Malgré ces conditions de vie difficiles, ils sont toujours aussi nombreux à tenter de rejoindre l’Angleterre, par la terre ou par la mer. Aux abords du camp « old Lidl », situé en périphérie de Calais, une zone de stationnement pour poids lourds est devenue la seule chance de rejoindre l’autre côté de la Manche. Dans cette zone de parkings, où les barbelés et les caméras ont remplacé les haies fleuries, ils sont plusieurs dizaines chaque jour à tenter de monter à bord d’un camion. Aux aguets, la police rode, surveille et fouille les camions stationnés. Des tentatives de la dernière chance, qui pour certaines, n’échappent pas à une issue fatale. Fin septembre, Yasser Abdallah, un Soudanais de 20 ans est mort fauché par un camion sur lequel il tentait de monter. C’était la 309ème victime de la Manche depuis 1999. S’ajoutent à ce décompte sinistre au moins 27 morts ainsi qu’un nombre encore indéterminé de personnes disparues suite au naufrage d’une embarcation de réfugiés, ce mercredi 24 novembre.

 

 

 

 

Depuis la mise en place de murs et de barbelés aux alentours d’Eurotunnel, la mer est devenue l’unique passage pour atteindre l’Angleterre. Entassés à 50 sur des bateaux gonflables équipés de petits moteurs, les réfugiés sont nombreux à partir tôt le matin. Plus de 17 000 réfugiés ont réussi à traverser la Manche depuis le début de l’année.  A ce jour, des personnes sont toujours portées disparues et la situation risque de s’aggraver dans les prochaines semaines. 

 

 

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