© Hélène K.
EX VOTO
A ceux qui n’insultent pas le feu
par Denis Péan
Je salue les hordes de passage, ceux qui n’insultent pas le feu
et je salue le verbe, mes fan tômes et tes ombres, et puis la poésie inquiète,
et les proses solaires.
J’honore les tam-tams qui disent non, battent la démesure, et remercie les graines semées d’abondantes bontés.
J’honore les franges, les marges où se retranchent des beautés muettes,
et confie un songe plein d’ocre à ta musique brave. Je salue utopie qui
pousse dans tes veines de poète mitrailleur.
Je remercie lundi à l’embouchure d’un fleuve et dimanche avec sa cloche qui ferme un cortège
d’âmes soeurs.
Je remercie minuit et puis le matin frêle.
Je salue l’éventuel et les livres, et ta pudeur de la parole dosée en petite lamelles bleuies des cieux,
un jour de courage. Et je salue la solitude.
Je t’aventure et je me livre ;
merci le vin ingrat et la somme des poètes, la guitare, la malice du tambour.
Je salue des hommes émerveillés de l’eau. Je rode anxieux autour des chevets où se trafiquent les chiffres.
Je désordonne, et puis salue : armada de flûtes, jonques
ou s’assoient la tendresse avec la misère ; je salue le maquis où se reposent les justes et le voyage qui vous amènent à bon port, migrateurs qui perdez la boussole. Je salue l’Euphrate et le Tigre et ceux émerveillés de l’aube.
J’honore le jour défloré avec les prémices du chant, la politesse des humbles qui savent que se taire à point
c’est l’or des palabres.